Civilisation 0,7

Réflexions sur le monde et la direction que prend notre société: le mur.

Les gladiateurs des temps modernes ou la dimension « jeux » du « pain et des jeux »

Les gladiateurs des temps modernes ou la dimension « jeux » du « pain et des jeux »

Panem et circenses, du pain et des jeux. Cette expression est tellement célèbre qu’elle est passée dans le langage courant. Elle fut prononcée par Juvenal, un poète latin critique envers les jeux du cirque. Ces mots résument parfaitement les conditions nécessaires à la stabilité du peuple. Ce qu’il ignorait c’est que ses propos n’auront jamais êtes autant d’actualités : il a raison sur tous les points. On peut le vérifier dans notre société moderne, le peuple n’a jamais été aussi distrait, rien qu’avec du pain, et des jeux.

Avant tout il est important de savoir que nous avons beaucoup d’idées reçues sur les jeux du cirque, qui faussent quelque peu la réalité. La faute à ce qu’une grande quantité d’écrits chrétiens qui critiquaient ces jeux nous sont parvenus, et les péplums au cinéma mettant en scène une extrême violence n’aident pas à enrayer cette vision. Par exemple, les combats de gladiateurs n’étaient pas aussi sanglants que nous le croyons, ils impliquaient uniquement des professionnels (bien que la grande majorité étaient des prisonniers de guerre voués à l’esclavage), la mort étant assez souvent évitée et l’esthétisme du combat passait avant la volonté de tuer son opposant. De même, ce n’était pas l’attraction préférée du peuple, la palme revient aux courses de chars, indéniablement la discipline reine de l’Antiquité. Cependant, il s’agit d’un regard nouveau des historiens, et il ne faut pas se voiler la face non plus, les combats de gladiateurs étaient bien sanglants et on achevait bel et bien, selon l’envie de l’organisateur, les vaincus.

Les Jeux publiques étaient divises en « Ludi », courses de chars, théâtre, boxe et athlétisme, et les « Munera », qui regroupaient l’ensemble des combats de gladiateurs. A tout cela s’ajoutaient les naumachies, les exécutions publiques et un tas d’autres activités. Plus ou moins violents, il y en avait pour tous les goûts. Ces jeux sont aussi curieusement assimilés dans la conscience collective à la figure de Jules César. Bien que n’ayant rien inventé, sauf la naumachie, dont il fut le premier instigateur, nous pouvons tout de même le considérer comme « l’ambassadeur du pain et des jeux » car il est vrai que les jeux atteignaient leur paroxysme lorsque le dictateur revenait, triomphant, de ses campagnes militaires.

Les gladiateurs des temps modernes ou la dimension « jeux » du « pain et des jeux »

Trois jeux restèrent particulièrement ancrés dans la pensée collective : La gladiature, les courses de chars et les venationes (spectacles d’animaux sauvages impliquant ou non un combat avec des personnes), les plus sanglants d’entre eux, comme par hasard. Observons comment les « restes » des campagnes militaires servaient, les animaux des contrées lointaines ainsi que les prisonniers de guerres dont on ne savait quoi faire à part des esclaves, pouvaient mourir en distrayant le peuple. Bien organisés ces romains, tout pouvait servir après tout. Pour ces jeux sanglants, de nombreux stades et arènes furent construits, notamment un édifice qui jusque là n’avait pas son égal, une arène suffisamment imposante pour être l’hôte de ce carnage, Le Colisée.

Les gladiateurs des temps modernes ou la dimension « jeux » du « pain et des jeux »
Les gladiateurs des temps modernes ou la dimension « jeux » du « pain et des jeux »

Les gens s’entassaient pour pouvoir y voir des individus d’autres endroits du globe s’entre-tuer. Des sauvages étrangers, auxquels on ne porte aucune empathie et on ne s’identifie pas, un peu comme la créature contemporaine inventée du « zombie », un moyen d’expier la violence sur un être humain… non humain finalement, ce qui enlève les problèmes d’éthique, mais on y reviendra une autre fois. C’était également un événement qui se vivait en famille ; effectivement on y emmenait volontiers les femmes et les enfants.

Cette violence finalement, en plus de simplement distraire (sur le moment puis plus tard, comme sujet de conversation), avait un effet de catharsis. Ce phénomène, pour ceux à qui cette notion est étrangère, fut décrit par Aristote, et consistait à montrer au spectateur lors des pièces de théâtre, très en vogue dans la Grèce antique, des scènes de meurtre, de viol, de violence parfois exagérée, pour atténuer ces pulsions violentes qu’Aristote pensait que tout homme avait enfoui profondément en lui. Donc d’une certaine manière, lui montrer ce que ses pulsions désiraient pour les apaiser et qu’il ne reproduise pas ces meurtres et autres barbaries en société. Et oui, déjà, la stabilité de la société, maintenir le peuple calme, le museler en douceur étaient dans les pensées grecques. Ce fut en quelques sortes le précurseur des combats de gladiateurs, mais sans morts d'hommes cette fois ci… ou si, des morts mais dans la pièce de théâtre ce qui, ne reviendrait-il pas à la même chose pour l’esprit et le subconscient ? En tout cas, difficile de croire que les romains et César instaurèrent ces jeux, sans penser au théâtre Grec.

Les jeux du cirque étaient des événements réguliers (76 jours par an à la fin de la République et 175 sous l’Empire), ils se tenaient chacun dans leurs arènes respectives, donnaient lieux à une réunion familiale, et à des sujets de conversations et de débat. Cela ne rappelle-t-il rien que l’on ne connaisse de nos jours ?

C’est pour cela que je ne vois aucune différence entre les gladiateurs et les sportifs d’aujourd’hui. Les championnats hebdomadaires, les stades qui ressemble comme deux goutes d’eau au Colisée, les clubs, le fait de regarder en famille ; les sportifs sont bel et bien les gladiateurs des temps modernes, ainsi, je mets fin au suspens (s’il y en avait à la base).

Le contexte

http://www.lequipe.fr/Football/Actualites/Trophees-unfp-lacazette-fekir-ol-et-blanc-psg-sacres/559018

J’ai eu envie d’écrire ce post en lisant un article du site L’équipe.fr, et plus particulièrement les commentaires des utilisateurs. Je suis assez régulièrement l’actualité sportive sans pour autant entrer dans tous les détails, et cet article traitait des prix remis aux meilleurs acteurs (joueurs, entraineurs…) de Ligue 1, le championnat de football français. Rien de bien particulier, cependant, beaucoup de commentaires des internautes critiquaient l’incapacité des joueurs à aligner ne serait-ce qu’une phrase au micro lorsque ces derniers venaient récupérer leur prix. Apparemment, un joueur aurait même simplement déclaré : « merci ». Sobre. A coté de cela, les déclarations d’acteurs de films lors des cérémonies des Oscars, c’est du Proust. Ridicule. Tu es un personnage public, tu as une image à tenir et tu dois pouvoir te débrouiller un minimum face aux cameras, ou du moins savoir t’exprimer en français correct, non ? Et bien… Après une longue réflexion… je pense que non. Ils ne sont simplement pas la pour ça. Et je dirais même plus, on devrait supprimer les interviews accordées aux joueurs. Après tout, les consultants sont là pour parler, les sportifs pour agir, et rappelons le, distraire le peuple. Faire de la philosophie, c’est secondaire. Explications.

Le week-end au stade

Les gladiateurs des temps modernes ou la dimension « jeux » du « pain et des jeux »Les gladiateurs des temps modernes ou la dimension « jeux » du « pain et des jeux »
Les gladiateurs des temps modernes ou la dimension « jeux » du « pain et des jeux »
Les gladiateurs des temps modernes ou la dimension « jeux » du « pain et des jeux »Les gladiateurs des temps modernes ou la dimension « jeux » du « pain et des jeux »

Comme dit plus haut, je suis le sport. J’aime le sport, comme beaucoup de monde. J’ai commencé assez tôt, même si mon père aurait aimé que je commence bien avant. On se disputait pour savoir si on allait regarder la demi-finale de Champions League ou les Looney Tunes. Maintenant j’adore les grandes compétions de football (Champions League, Coupe du monde et d’Europe), les grands-chelems au tennis, la coupe du monde de rugby, les Jeux Olympiques, Les mondiaux d’athlétisme, la NBA… Je ne compte plus. J’ai même mes idoles et je le dis (à peine) sans honte. J’ai adoré les dribles de Ronaldinho et de Thierry Henry, j’admire le talent incommensurable de Messi, respecte la classe de Pirlo, Xavi, et Casillas, j’adore la sympathie, les facéties et l’esprit combatif de Novak Djokovic et respecte la classe de Roger Federer, j’ai un profond respect pour les marathoniens kenyans, éthiopiens et angolais, je me souviens de l’essai magique de Dussautoir contre les All-Blacks en finale de la Coupe du monde de rugby, je suis toujours impressionné par la classe et la domination de Michael Jordan qui ridiculisait ses opposants sur le parquet, je suis admiratif de ce qu’a fait Usain Bolt car il y plus de travail derrière que ce qu’il y en a l’air… Ce sont des joueurs et des souvenirs, des événements, des matchs, que l’on vit a plusieurs, en famille ou entre amis, avec le champagne ou la bière fraîche, en fin connaisseur ou en novice, dans la rue avec la foule ou chez soi, à la télévision ou en streaming qui se bloque toutes les 5 secondes. Le sportif, le match et nous, le spectateur. Le gladiateur, sa péripétie, et le public qui hurle en fond « à mort, à mort ». César retourne alors son pouce et le gladiateur achève l’autre, dans un éclat de passion, de joie, d’horreur, et de sang.

Les gladiateurs des temps modernes ou la dimension « jeux » du « pain et des jeux »

 

Après cet instant épique où le traître tue son amis sur scène, le gladiateur décapite son compagnon d’entraînement dans l’arène, votre équipe gagne la ligue ou l’athlète de votre nationalité rafle sa médaille d’or, le scenario ultime qui se réalise, basé sur le même schéma régulier (pratiquement tous les week-ends de nos jours, ou tous les 2 ou 4 ans pour les événements mondiaux, les plus prisés) il y a retour à la réalité.

Cela pourrait paraître dur, cependant, ça ne l’est pas. On est content, on se sent accompli, mieux, on se sent faire partie de quelque chose. On dit bien « on a gagné » après tout… Ceci n’est pas anodin, c’est réel ; cela a même un impact certain sur l’économie. Par exemple, l’Italie après avoir remporté la Coupe du Monde en 2006, passa de croitre un 0,10% en 2006 à 1,90% l’année suivante, et c’est une tendance généralisée1.

 

Le paradoxe de la conversation coupable (ou PCC)

 

Cette distraction marche bien, trop bien même. La croissance n’est qu’une illustration, mais la quantité d’exemple dans mon entourage ou mes amis, ne font que confirmer cette hypothèse. Des personnes en difficultés financièrement oublieront l’espace de quelques temps leur problèmes si leur équipe gagne. Le meilleur exemple reste évidemment la coupe du monde de football, cependant vous serez surpris de voir certains individus dilapider une belle fortune pour la célébration de cet événement alors qu'ils ont du mal à payer leur loyer. Paradoxal.

Moi-même, je vis en permanente contradiction. Je refais le monde en parlant avec mon père au déjeuner, on parle d’impérialisme occidental, de la dilapidation des ressources, de l’énorme problème qu’est devenu la qualité des aliments que l’on consomme, et… juste après, on se réjouit du dernier tournoi remporté par Djokovic, et on se lance dans le foot, le prochain mondial du rugby et on n’en finit pas. Ce serait la même chose avec ma mère s’il elle s’y intéressait aussi…

Quelle importance qu’un joueur ait remporté un trophée et ait empoché un chèque d’1 million d’euros ? Qu’est-ce que cela a à voir avec moi ? En quoi cela me regarde et vous regarde ? Serait-ce du voyeurisme ? Pourquoi après avoir parlé d’un sujet aussi crucial que la recherche d’une source d’énergie alternative au pétrole, puissions nous retomber aussi bas et parler de joueurs qui courent après un ballon ? J’exagère à peine et d’un point de vue rationnel je ne peux me forcer à comprendre. Mais bienvenus dans notre société moderne ou la distraction est une priorité, et ma fois, elle marche remarquablement bien. Tellement bien que je me sens presque hypocrite d’écrire tout cela, puisque moi-même je suis tombé dans le panneau.

Cependant mon père et moi nous savons. Et lorsqu’on parle foot, il y a ce regard coupable, ce regard presque plein de remords, mais un regard sincère et conscient (bien que fait inconsciemment) car nous savons que deux minutes plus tôt, on parlait géo-politique, et maintenant, on parle sport. On le sait que c’est stupide, mais on le fait.

 Et César doit bien en rire.

S’il devait recevoir de l’argent sous forme de droits d’auteurs pour sa méthode, je ne voudrais même pas imaginer sa fortune. Le produit qu’il a vendu au monde ? Son héritage ? Le Paradoxe de la Conversation Coupable.

 

Rien de nouveau n’est créé, tout s’est transformé

 

Revenons maintenant aux jeux du cirque, amenés à son paroxysme grâce au dictateur (et génie en marketing en vente de produit a long terme) César. Comme je l'ai dis ci-dessus, ceux qui déchainaient le plus les passions étaient les gladiateurs, les venetiones et les courses de chars. Est-ce que cela a bien changé ?

Y-a-t-il une quelconque différence, en toute honnêteté, entre les courses de chars et la Formule 1, les 24h du Mans, le WRC (rallye), Moto GP ou les courses de NASCAR ? Pour moi, aucune. Véhicules, circuits, suspens, spectacle, nous. Les pilotes sont vénérés et admirés, tout comme l’était Dioclès, fameux conducteur de char de l’époque antique, premier point commun.  

Ensuite, (presque) tout être humain, au plus profond de lui, sait pertinemment que les moments les plus intéressants sont ceux des crashs. C’est triste, c’est cruel, mais c’est vrai. Pourquoi dit-on que le moment le plus intéressant en Formule 1 est le départ de la course ? Parce que c’est le moment où il y a le plus de risques d’accident. Ce simple moment où les voitures puissent virevolter dans les airs, que le public retienne son souffle et ait quelques frissons, et que tout cela soit repassé au ralentie 4 ou 5 fois. C’est le moment où les commentateurs montrent leur enthousiasme, se réveillent après un ou deux dépassements 5 tours plus tôt. Cependant, après les secondes d’euphorie, ils se rendent vite compte que cela est grave et dangereux (se souviennent plutôt, le temps que l’adrénaline se calme un peu, vilaine adrénaline), retrouvent leur professionnalisme et prennent un ton plus grave et regagnent leur calme.

Je pourrais paraître sadique, mais il n’en est rien. J’ai été triste pour la mort de Jules Bianchi, un pilote de formule 1 resté des mois dans le coma suite à un accident, ce genre de chose ne devrait pas arriver, et je pense par contre que la vision d’un crash trop violent inhibe cette « euphorie » et favorise l’inquiétude pour le pilote. Cependant plusieurs amis m’ont eux même dit que les moments les plus intéressants étaitent les crashs. C’est dit sans mauvaises intentions, en blaguant… et pourtant.

Cette passion pour les crashs sur bitume, le public du cirque l’avait pour le du sang sur le bois des chars et le sable de l’arène. Enfin, dois-je citer le nombre de pilotes décédés tragiquement qui pratiquaient leur passion qu’était le sport automobile ? Ce sont les risques, tous le monde les connais, et pourtant, ils ont fait leur choix.

Les courses automobiles ont un certain public qui regarde assidûment. Parmi les audiences moindres, il y a l’équivalent des animaux du cirque : Les courses de chevaux (avec paris), de lévriers, les spectacles d’otaries, de dauphins et d’orques. Animaux sauvages ? Je suggère à quiconque qui n’a jamais vu une orque en action de corriger cela tout de suite en allant sur Youtube. Avec le requin (même si le film « Les dents de la mer » en a fait un monstre mangeur d’homme. Sa réputation en a pris un coup…) le prédateur qui tient tous le monde en respect, c’est lui.

Et si nous élargissons ? Certains auront observé que j’ai fait quelques parallèles avec le cinéma, et ce n’est pas un hasard. Je le considère comme le successeur du théâtre de la Grèce antique, le théâtre moderne n’ayant pas une portée aussi populaire. En effet, les acteurs sont des gladiateurs à leur manière, et contraints de passer au jeu de l’interview tout comme nos amis footballeurs, tel que je l'ai dit plus haut. Les séries sont en excellente position également, et favorise la monétisation du jeu (MDJ), que nous verrons plus tard. Quand on voit la violence physique ou psychologique dans les films ou les séries de nos jours – même si elle a toujours existé – cette fois, ce serait Aristote qui rigolerait un bon coup. Ce sont des catharsis qui s’enchainent et qui font appel aux sentiments les plus primaires du consommateur.

Plus récent encore, et en élargissant le concept à son maximum, les jeux télé, que ce soient des jeux impliquant de l'argent ou téléréalités, sont bel et bien les jeux d’aujourd’hui. Sur un schéma régulier, faisant appel à des sentiments encore plus primaires (les ménagères pleurent devant les programmes de téléréalités, qui ne sont finalement que des scènes de voyeurisme), la télévision d’aujourd’hui a créé finalement les « jeux » d’aujourd’hui, les jeux de dernières générations. Sauf qu’ici, il n’y plus de surpassement physique, de dimension épique. Les meilleurs sportifs au moins, sont les meilleurs dans leur domaine, records du monde à l’appui pour preuve, mais les candidats de téléréalité sont les meilleurs dans quels domaines ? Et niveau distraction… l’efficacité n’est plus à prouver. Ici un magnifique commentaire de Patrick La Lay, PDG de TF12 :

 

« Pour qu’un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible. Nos émissions ont pour vocation de le rendre disponible : c’est-à-dire de le divertir, de le détendre pour le préparer entre deux messages. Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible »

 

Tout cela pour dire que nous n’avons rien inventé, tout était déjà là avant nous, et c’est pour cela que j’utilise à moitié la célèbre phrase de Lavoisier : rien de nouveau n’est créé, tout s’est transformé – la phrase complète étant « rien ne se créé, rien ne se perd tout se transforme ». Moyen curieux de rapprocher la physique-chimie avec « le contrôle du peuple pour les nuls » soit dit en passant.

 

La Monétisation du Jeu ou MDJ

 

De nos jours on distrait tellement bien le peuple, qu’il y a quelque chose de plus à en tirer : l’argent. A l’époque romaine, les jeux étaient gratuits et il n’en pouvait pas être autrement : le peuple pouvait exploser à tout moment et donc on encourageait de toutes les manières possibles les gens à aller au cirque. A noter qu’il y avait presque 3 fois plus de jours réservés aux jeux en période impériale comparé à la période républicaine à Rome… plus la stabilité politique était faible, plus on tenait à maintenir le peuple distrait. Quand je dis que l’on n’invente rien… De nos jours, et notamment grâce au petit écran, ce sont les jeux qui se sont invités chez nous, les jeux sont donc partout.

Nous sommes beaucoup plus calmes, dociles, « anesthésiés », et, capitalisme oblige, il faut tirer profit au maximum de la situation en vidant nos poches, via la MDJ. Beaucoup de choses à dire là dessus, je ne m’étendrai pas trop, cependant cela ne doit pas en minimiser l’impact.

  • Les paris sportifs par exemple, sont symptomatiques et constamment associés aux grands événements sportifs dans la publicité. Paris sur les chevaux comme dit plus haut, mais tous les sports sont concernés, et je considère ce problème comme grave car on facilite désormais les paris avec les applications mobiles et une clientèle de plus en plus jeune est recherchée.
  • La publicité, problématique majeure de la télévision et symptôme de notre société consommatrice. C’est un problème beaucoup plus vaste et général et il y a beaucoup à dire. Cependant l’utilisation de sportifs dans les spots publicitaires est une activité régulière qui montre le lien entre l’un et l’autre. Aussi, lorsque je mentionnais les séries télévisées, elles entrent en jeu ici, car elle dispose d’un format idéal pour être coupée par des pubs.
  •  Les produits dérivés, avec les produits officiels des clubs et équipes. Les maillots de foot et de NBA peuvent être vendus 70 ou 80 euros, et en plus de cela s’ajoute la stigmatisation des personnes portant de « faux » maillots. Quelles vilaines personnes. La marque Air Jordan de Nike à l’image de Michael Jordan a fait de lui un milliardaire pour donner un exemple concret.
  • Les abonnements. Avant, le sport était diffusé sur les chaines publiques. C’était universel. Tous le monde avait accès au sport. Cela s’est ensuite dégradé d’année en année dans tous les pays, avec par exemple l’apparition de Canal+ en France. Aujourd’hui, Bein Sport est entrée dans la danse, et il faut désormais débourser autour de 20 euros par mois pour avoir la possibilité de voir les compétitions sportives les plus importantes. A l’étranger, c’est parfois pire, et je donne pour exemple Sky au Royaume-Unis. Très peu d’événements sont visibles sur les chaines publiques désormais. Cela marche car il est difficile de se passer du sport. Le contournement est possible avec l’utilisation du streaming, mais la lutte des grandes chaines pour leurs droits qu’elles achètent des milliards est féroce. Il faut s’abonner également pour voir les séries et les films légalement chez soi.

 

Le salaire en question

Les gladiateurs des temps modernes ou la dimension « jeux » du « pain et des jeux »

Les sportifs de haut niveau et de renommée mondiale sont aussi connus pour les sommes d’argent indécentes qu’ils gagnent. Sans vouloir être redondant ou plagier cette idée d’autres medias, ces salaires gargantuesques s’expliquent uniquement par le fait que beaucoup de monde regarde le sport. Une corrélation vérifiée est que plus le sport est médiatisé, plus les salaires de ses propre acteurs sera élevé. D’où le plus fameux des commentaires des forums de sport lorsque quelqu’un se plaint des salaires des sportifs, cela donne à peu près : « si t’es pas content, ne regarde pas, et leur salaire baissera ».

Quand on voit parfois les sommes versées pour l'achat des droits télévisions de certains évènements sportifs, cela fait froid dans le dos:

  • Coupe du monde de football 2014 : 1,5 milliards d’euros
  • Premier League (championnat de football anglais) : 6,9 milliards d’euros sur 3 ans
  • NBA : 21,7 milliards d’euros sur 9 ans

Evidemment, tout cet argent est reparti en conséquence, ainsi, le salaire élevé des sportifs s’explique. Mais le sport implique un nombre incroyable d’acteurs, et tel un écosystème, il y a un équilibre au niveau des rémunérations très important. Droits télévisions, sponsors, équipementiers, infrastructures, produits dérivés, presse spécialisée et la MDJ. C’est un business qui se compte en (nombreux) milliards d’euros.

Oui, le peuple est exigeant, donc il faut lui offrir un divertissement de qualité, ben voyons…

Une erreur assez commune, surtout pour nous Européens, est de systématiquement taper sur les footballeurs. Ce sont eux les vilains, ils courent après une baballe et son payés en millions qu’ils dépensent en voitures de sports que tous le monde envie. En plus de l’évidente jalousie de tout cela, les footballeurs sont loin d’être les mieux payés. Cela varie selon les années : un coup ce sont les golfeurs avec Tiger Woods, les tennismen lorsque Roger Federer enchainait les grands-chelems et les pubs, mais la tendance générale est que les plus gros salaires se payent du côté des Etats-Unis. Ici je mets le classement des sportifs les mieux payés de cette année.

Les gladiateurs des temps modernes ou la dimension « jeux » du « pain et des jeux »

Les Américains sont en tête

Les Étatsuniens sont des fous de sports. De gros fous. Leur trio gagnant qu’est le football américain (NFL), le basket-ball (NBA) et le baseball (MLB) déplacent les foules et les dollars en pagaille. Tellement que le Superbowl, événement majeur et finale de la ligue NFL est devenu un événement populaire, où le pays est presque paralysé et les audiences télés sont parmi les plus élevées au monde. Pubs, spectacles, bières… c’est une autre dimension de la distraction.

A tout cela s’ajoutent « les petits sports bonus », tels que le hockey sur glace, le golf, le lacrosse et les courses automobiles telles que le NASCAR. Ce n’est pas un hasard si les Etats-Unis sont la 1ère nation sportive au monde. Presque tout le temps première en nombres de médailles d’or et en nombre de médailles totales lors des Jeux Olympiques, qui sont un excellent indicateur puisqu’il y a beaucoup de sports représentés mis au même niveau, et la quantité d’argent que les Américains investissent pour avoir les meilleurs sportifs au monde est impressionnante. Ils sont forts en distractions ces Américains, car en plus de cela s’ajoute Hollywood et les séries, qui arrivent également en Europe et dans le reste du monde.

La seule différence entre le glaive et le gant ? Deux millénaires

Pour les plus observateurs, vous avez pu observer que je n’ai pas encore parlé de la boxe, sports de combats et autres arts martiaux. Les deux sportifs les mieux payés (et de loin) sont pourtant boxeurs non ?

Les gladiateurs des temps modernes ou la dimension « jeux » du « pain et des jeux »

Effectivement, et je réservais mon petit mot sur cette dernière classe de sportif pour la fin. Car les plus proches descendants des gladiateurs d’antan, ce sont eux. Eux seuls risquent plus leurs vies que les pilotes à chaque fois qu’ils entrent sur le ring. C’est le côté du sport le plus sauvage, le plus primaire et primitif et celui où la violence est la plus exagérée et la plus présente.

Le ring a remplacé le sable du cirque.

Les combattants sont vénérés, comme l’était le gladiateur Spartacus en son temps, et comme tous les autres sportifs aujourd’hui, mais un peu à leurs manières. Cela donne à peu près ça :

Les gladiateurs des temps modernes ou la dimension « jeux » du « pain et des jeux »

Pour info, Anderson Silva, c’est lui :

Les gladiateurs des temps modernes ou la dimension « jeux » du « pain et des jeux »

Avec le sourire s’il vous plaît. Il n’y a qu’a voir les conférences d’avant match. On se tape déjà dessus, on sort les dents, on bande les muscles, on s’insulte. Et lors du combat, au centre du ring, au cœur de cette danse qui allie parfaitement art, carnage, sauvagerie, sueur, sang, dépassement de soi et fatigue, même une fois l’adversaire K.O., donc hors d’état pour continuer de combattre, l’autre continuera et le frappera au sol, aussi dur que possible. Un, deux, trois coups, il n’arrêtera pas si personne ne l’en empêche, il veut lui faire payer ce que l’autre a dit sur sa sœur la veille. Il continuera alors que l’autre est inconscient, que ses yeux deviennent blancs et que sa tête ne cesse de rebondir sur le sol.

Les gladiateurs des temps modernes ou la dimension « jeux » du « pain et des jeux »

Seul l’arbitre peut arrêter ce court instant qui avant pouvait se finir avec la mort. Il est court, on n’y est prête pas beaucoup d’attention, les commentateurs ne voient rien de particulier cependant, à cet instant précis le cirque semble renaître de ses cendres, et la foule s’emballe et semble crier « à mort, à mort ».

L’être humain n’a pas perdu sa nature sauvage et primitive, et c'est dans des instants comme ceux-ci qu’elle ressurgit d’un coup. Tous ont vu le K.O., mais personne n’ignore les 4 ou 5 coups rageurs qui suivent. C’est un peu tabou, et on pourrait considérer ça, comme l’aurait dit Freud, comme un refoulement dans le subconscient.

Cela pourrait laisser paraître que je n’aime pas ces sports. C’est faux. J’aime bien regarder quelques combats de boxe et d’UFC, les deux principaux centres d’intérêt et plus médiatisés des sports de combat. La situation décrite ci-dessus n’arrive que dans l’UFC. Dans cette ligue, qui est un mélange de boxe, de jiujitsu brésilien ainsi que d’autres arts martiaux, presque tous les coups sont permis, les K.Os sont spectaculaires, les prises de soumissions également, les blessures sont impressionnantes et les dérapages fréquents. C’est une ligue montante, à fort succès et de plus en plus regardée dans le monde.

Elle rattrapera bientôt la boxe je pense. Ces dérapages sauvages étaient fréquents avant en boxe anglaise, d’où un nombre assez important de morts, et c’est quelque chose qui veut maintenant être évité, car la boxe, veut se considérer comme un art. Et les morts, c’est mauvais pour le business. Par rapport à cela, en plus du côté primitif de la chose bien évident, je dois reconnaître que je considère certains boxeurs comme particulièrement intéressants, et qui peuvent faire pencher la balance vers l’art : Sugar Ray Robinson, Jake LaMotta (brillamment mis en scène par Martin Scorcese dans le magnifique Raging Bull, que je recommande fortement aux amateurs de cinéma), ainsi que Joe Frazier et Mohamed Ali qui ont participé grandement à la popularisation du sport, pour ne citer qu’eux. Pour le reste des arts martiaux, je suis un grand admirateur de l’immense champion qu’est Fedor Emalianenko.

Les gladiateurs des temps modernes ou la dimension « jeux » du « pain et des jeux »

Les sommes que bougent ces sports, surtout la boxe, sont colossales. Comme montré plus haut, les boxeurs sont extrêmement bien payés. Floyd Maywether est un cas à part puisqu’il se gère et se promouvoit seul. Un exemple serait le fameux dernier « combat du siècle » entre lui et Manny Pacquiao, 2ème sur la liste. Il fallait débourser 99 dollars aux Etats-Unis pour voir le combat en PPV (Pay Per View) à la télévision aux Etats-Unis, et même payer pour le voir dans les bars. C’est de la folie. Manny Pacquiao reçut 100 millions de dollars et Floyd Maywether empocha 150 millions de dollars et scandait le nom de ses sponsors lors de l’interview d’après match.

Cela vous paraît gros ? Vous avez raison. Ici le mécanisme des jeux a montré ses limites, ainsi que son utilisation abusive de MDJ. Beaucoup se sont plaints de cette vaste blague, je n’ai pas d’autres mots vu le spectacle ridicule qu’était cette mascarade. Quelques remarques ont été faites mais… ça n’est pas allé plus loin. Quand je dis que nous sommes plus calmes, dociles et anesthésiés, je pense vraiment que ce n’est pas un euphémisme.

Cependant, ces sportifs, plus encore que les pilotes, ont des blessures graves puis frôlent parfois la mort, mais vivent dans un milieu qui la côtoie. Mais c’est un risque qu’ils connaissent, ils le savent. Je ne parle pas de choix, certains boxeurs en sont là car ils viennent de milieux très pauvres, tout comme certains footballeurs (Argentins et Brésiliens surtout), cependant, ils savent parfaitement où ils sont, et qu’ils risquent leur vie à chaque fois sur leur lieu de travail.

Mourir pour le show, mourir pour le spectacle, la caméra, le public, la distraction, le système. Vraiment ? Pourquoi ?

La vie intense et glorieuse d’Achille

Qu’est ce qui motive autant les gens à devenir des gladiateurs ? Avant c’était simple, tu étais prisonnier de guerre et c’était l’absence de choix qui faisait du Colisée ta destination finale. De nos jours, j’ai l’impression que 90% des garçons de 8 à 12 ans, dont je faisais partie, veulent devenir footballeurs, et j’estime aussi qu’un autre 90% envient les sportifs et leur rythme de vie, dont je ne fais plus parti depuis l’écriture de cet article.

Un sportif c’est un salaire, salaire indécent pour le commun des mortels, même si ce n’est pas toujours vrai, car beaucoup de sportifs de sports peu médiatisés ont parfois difficilement suffisamment pour vivre. Cependant, parenthèse à part, un sportif, c’est également bien plus.

Être un sportif de haut niveau c’est être constamment sous les lumières des projecteurs et c’est une vie d’excès qui est justement mise, en lumière. Les sportifs font partie de ce concept que l’on a défini relativement récemment, de « star ». La star a une activité médiatisée (sport, film, musique) et une vie privée, et pour un certain nombre de personne non négligeable, la vie privée prend le dessus sur leur principale activité. Je dirai que plus l’indice de tendance à s’intéresser à la vie privée (ITIVP) d’un sportif ou d’un artiste est élevé, plus cette personne est une star. La star est donc définie par son ITIVP et sa célébrité, qui sont liés de cette manière :

Les gladiateurs des temps modernes ou la dimension « jeux » du « pain et des jeux »

Certains sites qui relayent l’activité sportive, comme L’equipe.fr, parlent de plus en plus de ces activités extra-sportives, et cela est une tendance assez généralisée. Le résultat ? Ce sont parmi les articles les plus lus. Et c’est sans compter les journaux qui ne font que ça. Tel joueur a été pris en photo en buvant des cocktails à [St. Tropez, Courchevel, Las Vegas] avec telle artiste, tel sportif a détruit sa voiture en état d’ivresse, tel sportif c’est bagarré à Ibiza, « Pepito et Marise, c’est fini »… C’est toujours la même histoire.

Cette célébrité change radicalement le comportement de deux types de personnes : le sportif, et les personnes qui vont être en contact avec ce sportif. Et ce talent pur, né d’une famille modeste, mais travailleurs, qui après 10 ans à jouer au foot et y avoir dédié sa vie, intègre finalement l’équipe pro et signe son premier contrat à 5, 6 ou 7 chiffres, dépensera son argent en voitures luxueuses, en écouteurs et téléphones de marques bien connues, en soirées VIP dans les clubs etc. La célébrité et l’argent, qui vont généralement de mise (3), corrompent l’Homme, c’est un fait.

Regardez ces coupes de cheveux, ces attitudes insipides, le fait de cracher et de se bagarrer sur les terrains, leur addiction aux drogues (la fameuse addiction de Maradona à la cocaïne), je doute que ces sportifs étaient comme cela plus jeunes. Tout ceci est dû à un trop gros salaire et à une trop grande popularité trop jeune, ainsi qu’un manque d’éducation. Un cas récent est un jeune footballeur de 16 ans, Martin Odegaard, qui a signé au Real Madrid pour un salaire de 250 000 euros mensuel, et qui désormais est devenu capricieux, saute les entraînements et râle pour jouer avec les pros. Pour moi ce comportement est inacceptable, mais entre désormais dans la logique des jeunes sportifs.

Certaines anecdotes que raconte l’entraîneur de football José Mourinho sur ses joueurs (ce qui m’a fait un peu plus aimer le personnage) et comment agissent certains d’entre eux sont stupéfiantes : aucune notion d’argent. Il dit qu’il se sentait parfois obligé de faire attention à eux, en dehors du plan sportif. La prochaine étape ? L’entraîneur recevra 4 salaires, un comme manageur tactique, un autre comme conseiller social et les derniers comme avocat et agent fiscale ? Certains clubs ont par exemple une marque de voitures comme sponsor et fournis directement les véhicules aux joueurs pour éviter que ces derniers ne dépensent de l’argent de manière incontrôlée. De la folie.

Une fois son propre comportement changé, celui de son entourage changera également. Plus que la famille, tout le monde aura tendance à vouloir se lier d’amitié avec lui, pour pouvoir faire partie de sa vie d’excès et apparaître sur ses photos sur Instagram. Mais surtout, et je dis bien SURTOUT, le sportif draguera comme un champion. C’est bien connu, les femmes de sportifs sont les plus désirées de la planète, et ces dernières ne demandent que ça. Elles ne veulent même plus faire partie de cette vie d’excès, elles veulent la partager. Un bel exemple sont les tennismen, où les compagnes des joueurs apparaissent souvent à l’écran, elles se maquillent, se font belles, et encouragent leur copains, attirant l’attention des caméras.

D’où vient l’attrait de la gente féminine pour ces gladiateurs modernes ? Je pense que ces femmes, au canon de beauté sur mesure dépeint par les magazines féminins, intéressées, ne travaillant pas (femme belle et intéressée, appelons les FBI) sont attirées par 3 choses : l’argent, la célébrité et le pouvoir. Plus un homme réunit ces caractéristiques, plus il intéressera ce genre de femme.

Oui je m’indigne contre les FBI, car juste par le fait de correspondre à un certain canon de beauté établi par la société, la vie leur est résolue en dépendant de leur futur mari fortuné. Oui je m’indigne contre les hommes qui épousent des FBI car ils se font avoir et se font tout prendre lors des divorces. Oui je risque d’en indigner certains et certaines, mais non, je ne traite pas les FBI de superficielles, parce que de toutes évidences, elles ne le sont pas, car elle profite intelligemment de leur « don ». Cependant, toutes les femmes de « star » ne sont pas toutes à mettre dans le même panier. Certaines travaillent aussi comme mannequins ou actrices et viennent également de milieux défavorisés. Elles peuvent gagner des sommes folles, et la top model à suivre fait partie de ce cas. Cependant, son « don » qu’est la beauté, c’est à la naissance qu’il s’obtient…

Voici donc le graphique qui détermine l’attractivité d’un homme pour les FBI :

Les gladiateurs des temps modernes ou la dimension « jeux » du « pain et des jeux »

Ce triangle est pour moi vérifié. C’est la seule explication que ça:

Les gladiateurs des temps modernes ou la dimension « jeux » du « pain et des jeux »

Irina Shayk, mensurations : 86-58-88

se soit tapé ça:

Les gladiateurs des temps modernes ou la dimension « jeux » du « pain et des jeux »

Sepp Blatter, mensurations : 79-10^7- 80

- 79 ans

- 10^7 d’euros sur son compte en banque

- Indice de corruption 80 sur une échelle de 1 à 10

Et ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. Il ne faut pas se voiler la face et être réaliste. Blatter, président de la Fifa, première organisation du monde, est riche, puissant et célèbre (même si c’est pour des cas de corruptions, tout compte, et ça lui donne une image charmante de gangster), ce qui lui fait atteindre un excellent score sur notre nouvelle échelle, de ce fait, c’est un homme idéal pour nos FBI.

Les gladiateurs des temps modernes ou la dimension « jeux » du « pain et des jeux »

L’âge ? On s’en fiche, ce n’est pas un paramètre. C’est pour cela que je lui décerne le titre d’homme le plus sexy de l’année 2015. Bravo Sepp.

Les gladiateurs des temps modernes ou la dimension « jeux » du « pain et des jeux »

Les sportifs ont deux caractéristiques assez développées donc, l’argent et la célébrité, ce qui leur donne un score tout à fait honorable, bravo à eux. Le pouvoir en revanche, ne peut aller de mise avec les gladiateurs modernes.

 Autrefois, lorsqu’un gladiateur déchaînait un peu trop la foule et les passions, César ou les empereurs qui lui succédèrent, ne tardaient pas longtemps avant de détourner le regard de la foule vers eux, rappeler qui était le créateur de tout cela et combien cet infâme esclave était insignifiant comparé à eux.

 

Il en est de même aujourd’hui.

 

Les joueurs sont sous contrats, ils sont en quelque sorte la propriété d’un club, certaines entreprises privées en Espagne et au Portugal se sont même spécialisées dans l’achat de droits de propriétés de joueurs de foot. Tu bouges un peu trop ? Je te déduis cela de ton salaire. Les sportifs sont ensuite ultra encadrés, tellement qu’ils en finissent par ne plus prendre soin d’eux, comme ces acteurs qui sont dans un état déplorable lorsqu’ils ne sont pas sur un plateau de tournage, maquillés par les maquilleuses. Les joueurs sont achetés pour des sommes stratosphériques pour faire plaisir aux supporteurs et vendre des maillots (Gareth Bale, acheté 100 millions par le Real Madrid). Leur coupe de cheveux, leurs tatouages et leurs grimaces face aux cameras, le dopage, visant à améliorer les performances de façon spectaculaire, tout cela pour parfaire l’image d’eux qui passent à la télévision, cette image créée de toutes pièces. Les sportifs ne sont en aucun cas maîtres d’eux-même. Ce sont des outils, des simples instruments qui se payent, au service du spectacle.

 

Le sportif échange sa servitude volontaire contre la gloire.

 

La vie du gladiateur est donc intense et remplie d’excès. Des excès qui se caractérisent également par le fait qu’ils se croient supérieurs au reste du monde, et que ce reste du monde et bien... ne fait rien contre cette supériorité. Un exemple, relativement récent est le fait que le joueur de football chilien Arturo Vidal, en pleine compétition continentale, la Copa America accidenta sa voiture alors qu’il conduisait en état d’ivresse. Le Chili est un pays avec tolérance zéro pour l’alcool au volant. Pour quelqu’un de « normal » cela peut être la prison pour ce genre d’action. Arturo Vidal s’est juste excusé publiquement et écopa d’une amende et c’est tout. C’est tout simplement indignant. Mais évidemment, la sélection chilienne ne pouvait pas se priver de son meilleur joueur…

Un autre exemple, pour montrer cette fois-ci que tout ne tourne pas autour du foot, est lié au joueur de l’équipe de France de volley-ball, N’Gapeth. Ce dernier a agressé un contrôleur de la SNCF après une réponse négative de ce dernier alors que N’Gapeth lui avait demandé gentiment de retarder un TGV parce que son ami allait arriver en retard. Je ne sais pas vous mais moi j’appelle ça se moquer du monde, et je pèse mes mots.

 

La vie brève d’Achille

 

Le revers de la médaille de cette vie glorieuse ? Elle est brève. Très brève.

 

La gloire n’est évidemment jamais éternelle et elle est souvent extrêmement courte. Les sportifs déchaînent les passions, leurs exploits sur toutes les bouches, mais seulement pour quelques temps, après, ils retombent inexorablement dans l’oubli, abîme anonyme d’où ils étaient venus. Rares sont ceux qui arrivent à durer et faire parler encore d’eux après leur retraite sportive. Pélé et Maradona sont les premiers exemples qui me viennent en tête, même si l’un est entré en politique et l’autre a eu une carrière d’entraîneur et est régulièrement comparé à Messi ces derniers temps.

Je me suis toujours demandé ce que faisaient les sportifs une fois leur carrière terminée. Certains essayent bien de rester dans leur milieu, comme consultant à la télévision ou commentateur, mais ils perdent d’un coup leur aura, et les gens les voient automatiquement comme un commentateur Tv, et plus comme l’athlète qui fut champion du monde un jour. Cela doit être amusant de les voir redevenir « normaux », des Monsieurs et des Madames Tout Le Monde.

Evidemment leur vie à excès s’estompe également d’un coup, et pour la plupart c’est une chute extrêmement dure. Les voitures et les villas, cela coûte de l’argent, et la grande majorité rencontre d'importants problèmes financiers. Gérer une fortune et ne pas jeter l’argent par la fenêtre, ca s’apprend, sauf que ce n’est pas Mourinho qui peut apprendre ça à ses joueurs. Devient-on consultant à la télévision par simple plaisir ? Pour beaucoup, j’en doute, mais il faut bien avoir un salaire une fois qu’on a dépensé son dernier pactole de quand on était sportif… Jake LaMotta, dut finir sa vie en faisant des monologues dans des bars pour pouvoir vivre, et Sugar Ray Robinson mourra ruiné et pratiquait déjà vers la fin de sa carrière des combats à 700 dollars pour pouvoir vivre. On est loin de Floyd Maywether Jr.

Un autre exemple est de mise pour illustrer cela. Mario Kempes, footballeur argentin qui marqua par deux fois en finale de la coupe du Monde 1978 qui vit l’Argentine sacrée pour la première fois de son histoire, meilleur joueur argentin avant Diego Maradona, était une sacrée pointure. Véritable idole nationale, Il est aussi célèbre dans la ville de Valence en Espagne, pour avoir évolué au club de Valencia F.C. et en être une véritable légende vivante. Son cas est connu, car après sa carrière assez fast de footballeur, il finit subitement sans argent ni occupation. Comment un tel succès comme lui peut-il finir dans une situation pareille? A peine avait-il pour vivre et payer l’école de ses enfants. Sa situation fut relayée à Valence et les gens furent assez attristés pour lui, et on dit que certains des amis qu’il s’était fait ici lui vinrent en aide comme ils pouvaient.

Il n’était pas addicte aux drogues, et il ne dilapida pas complètement sa fortune, la situation aura pu être pire, mais sa pauvreté est aussi due à son ex-femme qui lui prit tout lors de leur divorce (FBI, quand vous nous tenez…). Cependant, son exemple résume assez bien la vie de la retraite des footballeurs.

Parfois la gloire a un prix bien plus grand : la mort. Outre le fait de risquer de mourir en pratiquant sa passion, comme les pilotes et les boxeurs, certains sportifs sont simplement voués à une existence courte. Explications.

Le sport est bénéfique pour la santé, et si quelqu’un veut espérer vivre longtemps, il mettra toutes les chances de son côté en pratiquant une activité physique régulière. Oubliez la marche de 30 minutes et monter les escaliers, c’est d’un vrai sport dont je parle. Eviter le surpoids et ainsi éviter les maladies cardiovasculaires, cancers, plein d’études fourmillent sur le sujet, et généralement cela ne donne que du bon. Or, le sport, pratiqué avec une intensité très élevée, ce qui correspond à peu prés à la majorité des sportifs de haut niveau, auront pour la plupart des problèmes physiques plus ou moins grave : problèmes articulaires ou de dos, chroniques ou non. Rien qui affecte la mort de façon significative pour l’instant.

Cependant il est surprenant de voir combien l’espérance de vie de certains sportifs est petite. Celle des joueurs de football américain, réputés pour avoir une espérance de vie ridicule, tourne autour des 50 ans4, chose que la ligue NFL chercha a dissimuler le plus longtemps possible pour ne pas porter préjudice à son image, celle des boxeurs tourne apparemment autour des 60 ans, mais cela est récent, avant en France pour les boxeurs du début du siècle, elle était de 42 ans5. De plus en plus de sport sont en cause comme le rugby ou le hockey où les coups sont de plus en plus violents. Et dans quel état ils finissent leur vie : pertes de mémoire, Alzheimer… C’est difficile. Plus que les simples blessures, les nombreux coups à la tête, K.Os et autres commotions en sont la cause. La prise de drogues pour certains et le dopage n’aident pas non plus malheureusement.

 

Cette vie de gloire et d’excès, ce « Sex, Drugs and Rock n’ Roll », les sportifs l’ont choisi. Ce choix, Achille l’a fait également. Ce héros légendaire grec, bien connus dans la culture populaire avec son « talon d’Achille », aux origines quasi divines, impliqué dans la guerre de Troie et de nombreuses autres péripéties, lui aussi, choisit une existence glorieuse. Glorieuse mais courte, au lieu d’une vie plus longue mais sans éclat. Ce héros, dont les faits sont majoritairement narrés dans L’Iliade, s’oppose à Ulysse, protagoniste de L’Odyssée, tous deux écrits par Homère. Ces deux héros, parmi les premiers dans la littérature occidentale, sont diamétralement opposés. En effet Ulysse,  lui, fait preuve de patience et de longévité lors de son aventure pour retourner à son île natale et revoir son épouse.

La vie qu’a choisi Achille, cette gloire impérissable et éternelle, est égoïste. Il le fait pour lui et il veut profiter de son existence à tout prix. Il a une vie exceptionnelle, parfaite, enviable et c’est ce qu’il voulait. On pourrait la résumer comme ça, sans tenir compte de l’exactitude du récit :

Les gladiateurs des temps modernes ou la dimension « jeux » du « pain et des jeux »

C’est une vision de l’immédiat, sans penser aux vieux jours et commettre tous les excès sans en subir les conséquences futures. Les Who chantaient déjà « Hope I die before I get old »… Cette existence résume la vie des gladiateurs, des conducteurs de chars, des sportifs, des athlètes, des acteurs et des musiciens. La gloire personnelle, égoïste, et se ficher de tout le reste. Achille représente également ces sportifs une fois leur gloire passée, leur anonymat retrouvé et cette redescente sur terre que tant ont tellement de mal à vivre. C’est comme une mort, lente et douloureuse, car eux n’ont pas eu la chance d’Achille de mourir déifié sur le champ de bataille comme une rock star. Elle est douloureuse car ils sont seuls avec eux-même et leur talon d’Achille : la gestion de leurs actions sur le long terme.

Les sportifs, une fois leur carrière terminée, sont morts.

Et c’est pour cela que je pense que le gladiateur des temps modernes mérite une certaine forme de respect. Il est plus fort que nous d’un côté, car il a sacrifié sa longévité en échange d’une gloire étincelante, pour entrer au Panthéon des Achilles. Il peut ne pas savoir s’exprimer en public bon sang, ce n’est pas son job et si cela se trouve, il mourra 10 ans après son interview d’une overdose. Respectons les sportifs pour ce qu’ils sont et rien d’autre, nous, nous avons notre petite existence bien tranquille, nous ne sommes comparables à eux sur aucun point. Ils sont dans un autre monde, où la réalité est différente.

En revanche, dès qu’un de ces sportifs se croit supérieur aux autres et le manifeste comme celui qui agressa le contrôleur de la SNCF, là, pas de pitié, que les sanctions tombent. Les contacts entre ces deux mondes doivent être limités et je comprends que les sportifs finalement soient… incompris.

Par contre, le business et le capitalisme moderne ont profité de ce Graal qu’est Achille, ce fantasme que 90% des consommateurs moyens aimeraient devenir, pour produire des sportifs sur mesure et en série, au service de la distraction du peuple pour mieux le contrôler et le maintenir anesthésié, comme l’avaient déjà décrit les Romains. Anesthésiés, nous le sommes vraiment, et dans des proportions gravissimes. Il y a tellement de problèmes dans ce monde, tellement d’inégalités et d’injustices, et pourtant nous ne faisons rien, merci à l’industrie du spectacle, mécanisme anesthésiant et qui en plus pioche dans notre porte-monnaie. Et pour que tout cela marche, il faut un pilier à ce mécanisme, et le gladiateur des temps modernes en est la pièce maîtresse.

Cette pièce est humaine et elle mérite ainsi qu’on s’y intéresse.

...

Notes

1 :http://www.elpais.com.uy/el-empresario/ganar-mundial-empuja-pbi.html

2 :http://www.acrimed.org/article1688.html

3 : seulement dans un sens, un homme célèbre est très généralement riche, en revanche il y a une grande quantité de personnes extrêmement riches qui sont dans l’anonymat total.

4 :http://vazel.blog.lemonde.fr/2013/08/30/football-americain-un-siecle-de-degats/, information assez dure à trouver étant donné que la NFL avance des anciennes études qui ne sont plus d’actualité qui montrent le contraire et dit qu’il y a beaucoup d’argent dans des bourses destinées à aider les anciens joueurs. Cet argent a été obtenu aux tribunaux par ces anciens joueurs délaissés.

5 :http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pop_0032-4663_1986_num_41_3_17650

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article